Chirurgie orthognatique : chirurgie bimaxillaire

Résumé

L’ostéotomie bimaxillaire a pour objectif de repositionner la mandibule (mâchoire inférieure), la machoire supérieure et leurs arcades dentaires en cas de trouble de l’occlusion dentaire lorsque la mandibule est trop en avant (la personne est prognathe), trop en arrière (rétrognathe) et/ou asymétrique, ou que le maxillaire est trop en avant ou en arrière.
Au cours d’une hospitalisation de 3 à 5 jours, vous serez opéré par voie endobuccale, sans cicatrice visible sous anesthésie générale.
La chirurgie bimaxillaire associe une chirurgie du maxillaire supérieure (lefort I) ainsi qu’une ostéotomie mandibulaire.

Pourquoi opérer ?

L’ostéotomie bimaxillaire a pour objectif de repositionner la mandibule machoire inférieure) et la maxillaire supérieur (mâchoire supérieure) et leurs arcades dentaires en cas de trouble de l’occlusion dentaire.
Les anomalies de l’occlusion dentaire ont des conséquences à court, moyen et long terme qu'il faut connaître car elles justifient l'intervention chirurgicale. En effet, cela peut entraîner :

  • des risques importants de déchaussement des dents entraînant leur perte précoce,
  • des anomalies des articulations des mâchoires (temporo-mandibulaires) avec des douleurs, des craquements, des claquements, des contractures musculaires,
  • une gène à l’alimentation ou à l’élocution,
  • un retentissement esthétique en cas d’anomalie importante de position,
  • une difficulté voire une impossibilité d’appareillage en cas de perte de toutes les dents.

Généralement, l'ostéotomie bimaxillaire est associée à un traitement orthodontique réalisée avant et après l'intervention pour consolider le bénéfice de l'intervention chirurgicale. Parfois, une intervention sur le menton (génioplastie) peut être réalisée dans le même temps.

Comment se déroule l'intervention ?

La durée prévisible d’hospitalisation est de 3 à 5 jours. Il faut vous brosser les dents puis rester strictement à jeun à partir de minuit (ni aliments, ni boissons, ni tabac) jusqu’à l’intervention.
L'opération est pratiquée sous anesthésie générale.
Dans la plupart des cas, la mandibule et le maxillaire supérieur sont abordés par des incisions de la muqueuse buccale (pas de cicatrice extérieure). Le chirurgien coupe la mandibule et le maxillaire supérieure ce qui permet de les déplacer dans la direction prévue avant l’intervention. Les fragments osseux sont alors fixés par des mini-plaques en titane (ostéosynthèse). Le plus souvent, en fin d'intervention, le maxillaire et la mandibule sont fixés entre eux avec des fils d’acier ou des élastiques sur des arcs dentaires pour une durée de :

  • 10 jours avec un blocage complet de la machoire,
  • puis 15 jours, un déblocage aux pendant les repas et le brossage dentaire,
  • puis un blocage nocturne jusqu’au ajustement orthodoniques post-chirurgicaux.

Le matériel d’ostéosynthèse (les plaques et les vis) peut être retirés secondairement après la première opération.

Les suites et les soins post-opératoires

Les suites post-opératoires peuvent être marquées par :

  • Saignements, fréquents juste après l’intervention, ils sont habituellement sans gravité.
  • Œdème (gonflement des joues et des lèvres) est très fréquent et parfois important.
  • Des bains de bouche vous seront prescrits.
  • La douleur est modérée, cède avec des antalgiques et disparaît en quelques jours. Des glaçons enrobés dans un linge (pas directement sur la peau) diminuent le gonflement et la douleur.

Si les mâchoires sont bloquées, une alimentation liquide est à prévoir la durée du blocage. En l’absence de blocage, une limitation de l'ouverture buccale est fréquente pendant quelques jours et nécessite une alimentation molle. On perd souvent du poids après l’intervention ce qui peut entraîner de la fatigue.

Précautions à respecter

  • Le tabac doit être arrêté 8 jours avant et après l’intervention de même que l’alcool et tous les irritants (aliments épicés, acides...) jusqu’à la fin de la cicatrisation de la plaie.
  • Malgré les œdèmes et les douleurs, une bonne hygiène buccale est indispensable pour une bonne cicatrisation. Après chaque repas, les dents et les gencives devront être nettoyées avec une brosse ultra-souple. Un jet hydropulseur peut également être utilisé.
  • Lorsque les mâchoires sont bloquées, il faudra toujours avoir sur soi une paire de ciseaux, pour pouvoir couper les fils entre les deux mâchoires en cas d’urgence. En cas de vomissements, gardez votre calme et penchez-vous en avant pour que les liquides puissent s’évacuer entre les dents.

Les risques

Tout acte médical, même bien conduit, recèle un risque de complications :

  • Saignements. Des saignements abondants sont rares au cours de l'intervention et peuvent exceptionnellement nécessiter une transfusion de sang ou de dérivés sanguins avec leurs risques inhérents (contaminations infectieuses virales de l’hépatite ou du VIH exceptionnelles). En cas de saignements post-opératoires très importants, il peut être nécessaire de réintervenir.
  • Diminution ou perte de la sensibilité de la lèvre inférieure car le nerf alvéolaire inférieur chemine à l’intérieur de la mandibule et il est étiré entraînant une diminution transitoire mais fréquente de la sensibilité de la lèvre inférieure. Cette atteinte est habituellement temporaire.
  • Diminution ou perte de la sensibilité de la langue car le nerf lingual est situé au à proximité de la partie interne de la mandibule, atteinte rare et le plus souvent temporaire.
  • Paralysie des muscles de la face est de survenue exceptionnelle et habituellement régressive.
  • Infection des tissus mous de la joue (cellulite) peut survenir quelques jours à quelques semaines après l’opération. Elle cède sous traitement antibiotique mais peut nécessiter de réintervenir.
  • Retard ou absence de consolidation osseuse, très rare et nécessite de réaliser à nouveau un blocage des mâchoires et parfois une greffe osseuse.
  • Consolidation en mauvaise position. Lorsqu’il s’agit de petits décalages, le traitement peut simplement consister à replacer la mandibule dans une bonne position au moyen de tractions élastiques, geste qui sera éventuellement renforcé par le meulage ciblé des dents. Si les déplacements sont importants, une autre opération peut être nécessaire.
  • Lésion de dents. Dans de très rares cas, des racines dentaires peuvent être lésées et nécessiter un traitement (résection apicale, dévitalisation, implant en cas de perte de dent). Il arrive que certaines dents soient temporairement un peu sensibles après le meulage.
  • Troubles de l’articulation temporo-mandibulaire. Déjà présents ils peuvent persister ou apparaître après l’intervention. Ils sont rarement liés à une atteinte de l’os (nécrose).
  • Troubles vasculaires. Extrêmement rares, ils entraînent une rétraction de la gencive et une perte de l’os et de dents dans les cas extrêmes.
  • Récidive. Très rarement, une dégradation progressive de l’occlusion dentaire peut s’observer après l'opération. Un traitement orthodontique et/ou chirurgical peut devenir nécessaire.
  • Blessure accidentelle de la muqueuse ou d’autres organes par les instruments chirurgicaux.